COMPTE-RENDU DES GOUTEURS DE LIVRES DU 17 MAI

Etaient présentes : Denise, Christiane, Marie-Jo, Danielle, Françoise. Compte tenu du peu de participants, la question s'est posée de continuer ces réunions, nous avons pourtant envoyé un mail à tous nos lecteurs ; et quand nous avons démarré, nous étions au moins une quinzaine. Il est vrai que le confinement et les mesures sanitaires ont dissuadé certains de nos lecteurs et bénévoles de se réunir. Nous avons convenu de continuer en espérant plus de monde lors de la prochaine rencontre que nous prévoyons en septembre (pas de date fixée pour l'instant). Parlons à présent des livres :

Mots immigrés, d'Erik Orsenna et Bernard Cerquiglini

À l’heure où revient le débat sur l’identité, avec des opinons opposées de plus en en plus violentes, Erik Orsenna a voulu, par la voie du conte commencée avec sa Grammaire est une chanson douce, raconter l’histoire de la langue française. Pour une telle ambition, le savoir lui manquait. Bernard Cerquiglini, l’un de nos plus grands linguistes et son ami de longue date, a bien voulu lui apporter ses lumières aussi incontestées que malicieuses.

Et nous voilà partis, deux millénaires en arrière, chez nos ancêtres les Gaulois dont les mots sont bientôt mêlés de latin, puis de germain. Avant l’arrivée de mots arabes, italiens, anglais... Un métissage permanent où chaque langue s’enrichit d’apports mutuels. Jusqu’à ce que déferle une vague de vocables dominateurs nés de la mondialisation économique et inventés pour son service. Ce globish aura-t-il raison de la diversité linguistique, aussi nécessaire à nos vies que cette biodiversité dont nous avons appris à reconnaître l’importance capitale, et la fragilité ? Et si les mots immigrés, c’est à dire la quasi-totalité des mots de notre langue, s’ils décidaient de se mettre un beau jour en grève ? Ce jour-là, les apôtres de cette illusoire pureté nationale deviendraient muets. Il n’est pas interdit d’en rêver…

Les avis sont partagés quant à ce livre. Certains l'ont trouvé intéressant, facile à lire, d'autres ont été déçus par le peu d'épaisseur et de recherche voire un peu du parti pris de l'auteur. Le mieux dans ce cas , c'est de se faire sa propre opinion , c'est un tout petit livre donc à vous de le lire !!!

La brodeuse de Winchester, de Tracy Chevalier

1932. Violet Speedwell est l'une de ces millions de femmes anglaises restées célibataires depuis que la Première Guerre mondiale a décimé toute une génération de fiancés potentiels. Méprisées dans les journaux, tolérées par les familles malgré une condescendance exaspérée, elles vivent à une époque où les attentes de la société quant à l'avenir des femmes sont des plus rigides. Des attentes que Violet est sur le point de faire voler en éclats. En quittant Southampton et sa mère acariâtre pour s'installer à Winchester, où elle continue de travailler comme dactylo pour une compagnie d'assurances, elle espérait trouver de nouveaux amis, une nouvelle vie. En s'arrêtant dans la cathédrale un jour qu'elle est partie acheter un ruban de machine à écrire, elle découvre un cercle de brodeuses occupées à confectionner des coussins et agenouilloirs. Violet, qui n'était pas particulièrement douée pour la couture, y trouvera l'amitié, le soutien et la créativité capables de rivaliser avec le dédain et les préjugés. En toile de fond, la montée du fascisme sur le continent : Hitler arrive au pouvoir en Allemagne... Dans ce monde encore hostile aux femmes, Violet n'a d'autre choix que de s'affirmer.

Ce roman se situe en Angleterre , entre 2 guerres ; il parle surtout des femmes seules ou célibataires. L'héroïne tente d'échapper à sa condition et à son environnement familial en partant travailler en ville. Elle va se réaliser et s'affirmer à travers cette passion qu'elle découvre comme brodeuse. En toile de fond, les préjugés , le dédain face à la femme célibataire et la montée du fascisme en Allemagne.

Tracy Chevalier parle de nouveau de ces individus ordinaires qui arrivent à l'extraordinaire. Avis unanime sur ce bouquin : passionnant, riche, du grand Tracy Chevalier, à lire absolument !

Chez Scarlette, de Henri Bellec

Nous sommes en novembre, miz du en breton, le mois noir, dans une île bretonne à une heure du continent. Scarlette, la patronne du bar de la Falaise, vit là, tout simplement parce qu’elle y est née, et son bistrot en est l’épicentre. Solange, la Parisienne, est venue y trouver refuge pour fuir un passé trop encombrant et un avenir trop douloureux. Phanie, la jeune policière, aussi, peut-être pour tout remettre en question. Marina, l’énigmatique médecin de l’île, soulage les peines de chacun comme elle peut. Morgane, la fille de Scarlette, se morfond, loin de son île, à Nantes où elle fait ses études et veut rentrer quoi qu’il en coûte.

La tempête gronde, les falaises s’effondrent, les digues cèdent, les arbres se couchent et les grandes marées menacent de submerger l’île, comme au temps d’une antique légende. L’île est maintenant totalement isolée. Mais les femmes s’entraident, se soutiennent, chantent et dansent autour du vieux juke-box en buvant du champagne comme pour narguer le mauvais sort. Pierrot la Lanterne, gardien de phare à la retraite, et Baptiste le trompettiste restent en retrait et les observent, tantôt amusés, tantôt fascinés.

Sur une île au large de la Bretagne, Scarlette tient un bistrot où se croisent des personnages en quête d’eux-mêmes, un peu abîmés, mais tés attachants, très différents les uns des autres. Par un soir de tempête, ils vont se rapprocher ,être solidaires, se découvrir aux autres et à eux-mêmes : ils vont même boire du champagne et danser autour du juke-box en attendant que la tempête s’apaise.

C’est drôle, tendre, sans pathos avec un peu de nostalgie C’est un bon moment à passer dans cette tendresse à fleur de peau, ça fait du bien ces livres sans prétention, mais bien écrits. Je recommande ! Je suis la seule à l’avoir lu !! (Françoise)

                                                                            💭💭💭

Pour les prochains livres à présenter, nous avons pensé à 3 livres :

  • Cueilleurs d'essence, de Dominique Roques : Cet auteur est employé dans une entreprise qui met en relation les petits producteurs d’essence de parfum (roses, santal, jasmin, etc.,) et les grands parfumeurs. Il va à la rencontre de ces petits cultivateurs dans le monde entier, raconte leur vie et les partages du quotidien avec eux ; on apprend beaucoup de ces échanges, c’est passionnant.
  • L'élégance du hérisson, de Muriel Barbery : Une envie de relire et de reparler de ce livre déjà ancien, mais qui a marqué plus d’un.
  • Le grand monde, de Pierre Lemaître : Une histoire des trente glorieuses qui donne envie de lire avec curiosité et gourmandise le dernier roman de Pierre Lemaitre
Date encore à définir, d'ici là, à bientôt à la bibliothèque !

Françoise, pour les Goûteurs de livres.

Commentaires